Après avoir immédiatement suscité
l’étonnement et l’admiration, le Tour a
captivé à travers les colonnes de L’Auto, en
même temps qu’il partait à la rencontre de
son public, de plus en plus assidu au bord
des routes. Les Français se sont dès lors
pris de passion pour leurs nouveaux héros,
qui s’appelaient Pottier, Petit-Breton ou
Pélissier, un peu plus tard Vietto, Magne ou
Leducq. Mieux, au-delà de l’attachement à
des champions de haute valeur, ils se sont
appropriés cette épreuve atypique qui met à
l’honneur leurs villes, leurs campagnes et
même, depuis 1910, leurs montagnes.
Générateur de performance et d’émotion, le
Tour a surtout constamment vécu en harmonie
avec son temps, quitte à en absorber les
maux. Il a profité avec toute la France des
congés payés dès 1936, a souffert des
guerres, a savouré l’insouciance des «
trente glorieuses » en célébrant Coppi,
Bobet, Anquetil et Poulidor, s’est ouvert
vers les pays étrangers à l’heure de la
mondialisation, et se débat maintenant dans
le tourbillon des dérives du sport mondial.